Témoignage de Julie 19 ans et de sa maman

Il y 4 mois, j’ai appris que j’étais dyspraxique, je sais que c’est un handicap et qu’il faut que je sois reconnue car c’est beaucoup de souffrance. C’est un gros soulagement pour moi car ma famille et moi cherchant la réponse à tout mes problèmes depuis 15 ans.

 

A l’école, j’avais d’énormes difficultées qui étaient incomprises par les professeurs d’ailleurs tout le monde me prenait pour une fille bête et bonne à rien et n’hésitait pas à me le faire comprendre j’en ai beaucoup souffert.

On se moquait de moi on m’humilia en classe les professeurs m’enfoncaient, à force d’entendre les autres dire que vous etes stupides bête et que vous n’arriverez à rien dans votre vie, on se dévalorise et on n’a plus confiance en soi. L’éducation nationale m’a complètement détruite mais à présent je pense à l’avenir et souhaite m’en sortir.

Je me reconstruit petit à petit et espère que tout ce que j’ai pu vivre ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Julie

 

Catherine sa maman

Ma fille Julie 19 ans est déscolarisée depuis juin 2002. Elle est arrivée en 3 ème puis a suivi une 1 ere année BEP carrières sanitaires et sociale qu’elle a abandonnée et en dernier une 1 er année de BEP bio service. Son parcours scolaire a été très difficile pour elle humiliation, jugement dévalorisant de la part des professeurs et des élèves pour moi cela a été la même chose car je passais pour une mère poule qui sur protéger son enfant sans rien comprendre.

Julie a été une petite fille joyeuse pleine de vie qui ne demandait qu’à découvrir le monde. Tout a changé a l’école maternelle en 2eme année l’institutrice ne pouvait supporter Julie car elle ne reconnaissait pas son prénom sur l’étiquette parmi tous les autres prénoms de la classe . Elle ne reconnaissait pas son porte manteau dans le couloirs, elle y passait de long moment seule quand tout le monde était rentré cela je le sais depuis peu.

Madame votre fille est désespérante elle ne veut pas travailler. Julie avaient 4 ans !

Ses dessins étaient pauvres, brouillons sans détails, elle n’a jamais pu faire des dessins symétriques, remettre en ordre une histoire pas de logique apparemment je l’ai retiré de cette classe. L’après-midi Julie avait mal au ventre en allant à l’école. J’ai demandé un changement de classe en vain. Elle a parlé tard, à 3 ans moi seule la comprenait mais rien d’alarmant, elle a marché tard vers 17 mois une petite marche d’escalier la terrorisait pour elle c’était un gouffre !! Une orthoptiste m’a dit qu’elle ne percevait pas le relief pourtant elle a appris à lire et à écrire normalement.

Pour elle, les mathématiques sont un calvaire je me souviens que lui expliquant un problème simple où il fallait compter des pommes elle parvenait à le comprendre, au bout d’ 1 heure mais exactement le même avec des poires plus rien ! l’inconnue ! Julie ne faisait pas le lien entre ses connaissances et ceci pour bien d’autres choses de la vie courantes :

  • Elle n’est pas organisée, son cartable était tellement en désordre, les feuilles d’un coté, le classeur de l’autre impossible de ranger !
  • En dessin, elle ne pouvait pas faire grand chose, se représenter mentalement un visage lui était impossible elle me disait maman, je ne sais pas faire joli.
  • Si on lui demandait d’aller chercher quelque chose, elle ne trouvait jamais ! comme si elle ne le voyait pas.
  • Actuellement elle ne sait pas s’orienter, ni se repérer dans une ville, même un quartier connue c’est la panique.

J’oublie certainement beaucoup de chose mais depuis que Julie à trois ans, elle a rencontré une multitude de professionnels qui jamais n’ont trouvé ce que Julie avait, moi je savais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans son développement, je suis puéricultrice, je connais bien le développement psychomoteur, pédopsychiatres, psychologues, orthophonistes, médecines parallèles, kinésiologues, psychothérapeutes etc … se sont succédés pendant 15 ans. Jamais je n’ai baissé les bras, toutes les semaines Julie rencontrait quelqu’un et jamais d’amélioration mais toujours de la souffrance et d’humiliation de la destruction !! Jusqu’à avoir des maladies psychosomatiques, des T.O.C un mal être indescriptible et insupportable pour elles et pour nous. Jamais personne ne comprendra à quel point elle a souffert. L’année dernière, elle a même pensé au suicide, on la surveillait de près.

Il y a 4 mois un psychologue nous a parlé de dyspraxie enfin un mot qui expliquait 15 ans de souffrance et d’incompréhension! Une éternité! et puis en nous documentant nous avons découvert combien cette maladie pouvait handicaper Julie dans sa vie quotidienne.

Elle ne sait pas comprendre un relevé bancaire encore moins vivre seule.

Elle n’a aucun diplôme. Qu’envisager comme formation ou comme emploi quand on ne vit pas dans la même logique que les autres? Quand on est détruite psychologiquement? Quand on a aucune confiance en soi?

Julie est à vif en permanence, elle est à la maison, essai de passer son code. Au bout de 7 fois c’est toujours l’echec… Même cela je n’y ai pas droit me dit elle, c’est très dur ….

Pour la faire reconnaître handicapée, elle a passé des tests la semaine dernière, nous attendons beaucoup.

Le diagnostique est tombé, elle n’est pas dyspraxique !! le ciel nous est tombé sur la tête pourtant nous reconnaissons bien notre fille, elle même se reconnait. La rééducation apporterait donc quelque chose pendant 15 ans. Elle a compensé, pour nous elle est dyspraxique, les tests ne sont pas adaptés à des jeunes adultes. La psychologue, vers qui nous a envoyé le Docteur XX de Montpellier, n’y croit pas, pour elle Julie a un QI très bas et c’est tout ! Julie lui a demandé, je suis donc limitée intellectuellement? elle lui a dit OUI, tu as des limites pour apprendre à l’école, pour toi c’est impossible, il faut viser plus bas que le BEP. Nous les parents n’y croyons pas, il y a bien quelque chose à faire, ma fille ne présente pas les signes de débilité.

Amicalement

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